Partie intégrante de nos vies (ou du moins de nos placards) depuis plus de deux siècles, le Jean est à l’origine fabriqué pour résister aux rudes conditions de travail des ouvriers et mineurs aux Etats Unis. Il a su avec le temps s’imposer dans notre vestiaire, et est devenu une icône de la culture américaine, voire occidentale. Aujourd’hui il se décline sous toutes les formes et se porte à tout âge. Lui qui autrefois était symbole de rébellion, est aujourd’hui non seulement universel mais aussi un produit purement mode.
Nous allons revenir sur les origines et l’évolution de cette icône bleue.
La création du jean
“Jeans” est l’abrégé de “blue jeans” inventés par Jacob Davis et Levi Strauss en 1873.
Le mot « Jeans » en lui même provient de la ville de Gène, en Italie, où le textile appelé « jean » ou « jeane » (toile de coton et de lin) très similaire au velours côtelé, était fabriqué au 19eme siècle. A cette époque la République de Gène était connue comme exportatrice de ce textile recherché partout en Europe.
Envieux du succès des Génois, les tisserands de Nîmes essayèrent à l’époque de copier le « jean » de Gène mais n’y arrivèrent pas. C’est donc accidentellement qu’ils donnèrent naissance au textile connu sous le nom de « toile denim » : « toile sergée de Nîmes » !
Le Serge de Nîmes était à l’origine un textile composé de laine et de soie. La fameuse couleur bleue du fil de chaîne provient d’une teinture nommée « blu di genoa » (bleu de Gênes), c’est de là que provient le nom « blue jeans ». Cette couleur était obtenue de manière naturelle, grâce, entre autre à l’indigotier.(Fleur d’Indigotier)
Le Jean à rivets
En 1851 Levi Strauss quitta l’Allemagne pour New York, afin de rejoindre son frère qui tenait un business familial. Il quitta par la suite New York pour San Francisco afin d’ouvrir une branche du business familial sur la côte Ouest : Levi Strauss & Co. C’est alors l’époque de la ruée vers l’or et les mineurs ont besoin de vêtements assez solides pour résister à leurs dures conditions de travail.
Jacob Davis, un tailleur de Reno dans le Nevada essayait justement de créer des pantalons qui pourraient résister à ces conditions, et utilisait pour cela des toiles denim tout droit venues du magasin de gros Levi Strauss & co. Il faisait cependant face à un problème assez important : les poches des vêtements qu’il produisaient se déchiraient trop facilement. Il eu alors l’idée de renforcer les coins des poches avec des rivets en métal.
Conscient du succès de ses pantalons à rivets, Davis tenta rapidement de breveter son idée afin de la protéger mais n’avait pas assez d’argent pour cela. C’est donc ainsi qu’il proposa à Levi Strauss en 1872 de s’associer à lui afin qu’ils déposent le brevet à deux. Le Jean à rivets était né.
(Jean à rivets)
Fabriqué à partir de matières solides faites pour durer longtemps, le Jean était à l’origine un vêtement de travail, particulièrement porté par les ouvriers, fermiers et mineurs américains.
(Mineurs portant un Jean)
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, une large proportion de la population travaillant dans les usines se mit à porter le Jean. La guerre une fois terminée, le port du Jean était supposé disparaître, et les bonnes mœurs réapparaître. Heureusement pour nous cela ne se passa pas exactement comme prévu…
L’évolution du symbole
Suite à la Seconde Guerre Mondiale, aux Etats Unis, le port du Jean devint symbole de rébellion, de refus de réintégrer une société conventionnelle et donc de rejet des normes sociales. C’est alors l’effervescence de la Beat Generation, avec des artistes tels que Jack Kerouac, ou encore Allen Ginsberg, qui choisissent de porter du denim dans un but anti-mode, antisystème.
Dans les années 50, le Jean comme on le connaît aujourd’hui devint symbole de rébellion à travers Hollywood. On parle alors de « revendication vestimentaire ». Des acteurs tels que James Dean et Marlon Brando le populariseront dans des films tels que « La Fureur de vivre » ou « L’Equipée Sauvage ». Ils porteront des Levi’s 501 et des Lee Rider’s 101. Le jean est alors utilisé pour s’affirmer, il devient un objet dangereux, rebelle et même sexuel.
(James Dean dans « Giant »)
Une personne rendit le Jean si populaire que l’image rebelle du Jean devint rapidement très « mainstream ». Elvis Presley, dans le film musical Jailhouse Rock (1957), se vêtit entièrement de denim afin de jouer le rôle d’un prisonnier. Ses pas de dance célèbres firent sensation et rapidement, tous les jeunes du pays voulurent lui ressembler.
(Elvis dans « Jailhouse Rock »)
Malheureusement dans une Amérique encore très puritaine, le port du Jean sera rapidement interdit dans les écoles, les théâtres et les restaurants.
Les Jeans redeviendront cependant populaires dans les années 60 et 70 en tant que produit mode. Il sera porté par le hommes, les femmes, les enfants de toutes catégories sociales confondues. Amplement porté par les hippies (souvent en pattes d’eph), qui le personnaliseront à l’excès avec des perles et fleurs en coton, il deviendra aussi symbole du mouvement Peace & Love.
Dans les années 70 et 80 ce sont majoritairement les mouvements punk et heavy metal avec des groupes tels que les Sex Pistols qui populariseront le Jean. Le jean devient troué, délavé, presque maltraité. Les années 80 marqueront le début du jean usé. Cet aspect est obtenu par des lavages à la pierre ponce ou encore des jets de sable (technique très controversée car dangereuse pour l’Homme).
(Les Sex Pistols)
Les années 90s seront marquées d’un coté par les publicités controversées de Calvin Klein
(Brooke Shields ou encore Kate Moss et Mark Wahlberg) et de l’autre par l’explosion des marques très « mode » telles que Diesel, Miss Sixty ou encore Pepe Jeans.
Les années 2000 voient naître la mode du « total look denim », pas toujours de meilleur goût, ainsi que du Jean délavé zébré.
(Justin Timberlake et Britney Spears en 2001)
Aujourd’hui le Jean est un objet unisexe, basique, que l’on porte n’importe où et n’importe quand. Il nous accompagne dans nos vies, que ce soit au travail ou à la maison.
Il a perdu énormément de sa symbolique mais reste toujours très sexualisé dans les publicités comme on peut le voir chez des marques tels que Guess ou Diesel.
(Gigi Hadid pour Guess)
On le retrouve tant dans le mass-market que dans le luxe.
Le Jean est aujourd’hui un incontournable de la garde robe masculine, au même titre que le Chino.
Mais alors, LePantalon se doit de faire un Jean non ?! 😉